Paul Biya réélu
Ayant rempilé pour un 7ème mandat à la magistrature suprême, le président de la République, Paul Biya, ouvre du haut de son expérience, l’ère des « Grandes opportunités ». Un septennat durant lequel ses compatriotes nourrissent de grandes perspectives quant à la situation sécuritaire du pays et à l’amélioration du climat social.
L'acte citoyen du candidat-président
Au commencement étaient deux tweets. Ceux du 13 juillet dernier en français et en anglais, sur le compte officiel Twitter du président Paul Biya. « Chers compatriotes du Cameroun et de la Diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants. Je serai votre candidat à la prochaine élection présidentielle », pouvait-on lire dans la version française.
Des clameurs du peuple réel et profond qui ont été confirmées le 22 octobre dernier lors de l’audience publique de proclamation officielle de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. Sur la base du récapitulatif des résultats des dix régions du Cameroun et de la diaspora, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), s’en tire avec 2 521 934 voix sur 3 590 427 votants, pour 6 667 038 inscrits, soit un pourcentage de 71,28%. Paul Biya remporte donc l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, devant Maurice Kamto qui a totalisé 503 384 voix (14,23%), Cabral Libii (6,28%), Joshua Osih (3,35%), AdamouNdam Njoya (1,73%), Garga Haman Adji (1,55%), Franklin Ndifor (0,67%), Serges Espoir Matomba (0,56%), Akere Muna (0,35%).
L'acte citoyen de la première Dame Chantal Biya
Une proclamation solennelle des résultats qui a également fait montre d’un président à la pointe des habitudes et des attitudes de son temps à travers un autre tweet. « Chers compatriotes du Cameroun et de la Diaspora, Merci de m'avoir renouvelé votre confiance aussi massivement.
I do so swear
Rassemblons-nous à présent pour relever, ensemble, les défis qui nous interpellent pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère », a-t-il déclaré. Une annonce officielle qui a mis un terme à un processus électoral bien huilé, crédible et transparent. Une appréciation confirmée par le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana, au cours de ladite solennité : « le processus s’est déroulé dans la sérénité et du respect de la législation en vigueur ». En effet, durant la campagne électorale, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) a pu compter sur un important et imposant dispositif d’interventions couvrant l’ensemble du territoire. Une artillerie lourde qui a irrigué simultanément et au quotidien dans les tréfonds de la république, les idéaux de « La force de l’expérience ».
Paul Biya s'arborant ses attributs de Grand Cordon de l'ordre de la Valeur le 6 novembre 2018 au Palais de l'Unité
Un déploiement tous azimuts agrémenté par quatre énormes cars-podiums à l’effigie de « l’homme-lion » qui ont sillonné les différents meetings tout au long de la campagne. En face, il faut dire que l’homme du 6 novembre 1982 a pu compter sur huit, puis sept challengers qui ont fait valoir librement leurs arguments auprès des potentiels électeurs. Etant donné que dans les ultimes heures de la campagne électorale, le candidat Akere Muna s’est rallié au candidat Maurice Kamto. Une brumeuse coalition qui n’a pas occulté l’incapacité des candidats de l’opposition à fédérer une candidature unique face au mastodonte Paul Biya. Ce dernier a su exploiter à bon escient les faiblesses de ses différents adversaires à l’image du candidat du Socialdemocratic front (Sdf) inexistant dans son bastion historique de la région du Nord-Ouest. Ou encore du reste des candidats qui ne bénéficiaient guère de toute la logistique pour pouvoir faire une massive campagne de proximité en simultané sur plusieurs circonscriptions administratives. Il est tout de même à féliciter l’esprit qui a prévalu tout au long de la séquence dédiée au contentieux post-électoral. Une victoire de la démocratie symbolisée par le débat contradictoire sous le prisme du droit positif entièrement lu et appliqué par le Conseil constitutionnel, qui était à sa première occurrence en la matière.
Un nouveau mandat et davantage d’attentes
2018-2025. 7 années au cours desquelles vont se dévoiler « Les grandes opportunités », telles que définies par la vision du président de la République, Paul Biya. Par-dessus tout, ce septennat reste également porteur d’attentes énormes au sein de l’opinion nationale et internationale. Ces expectatives, prenant parfois la forme d’inquiétudes ou de perspectives sont focalisées dans divers secteurs de la vie sociale.
Sur le plan sécuritaire, la situation dans la crise anglophone reste prégnante. Notamment au regard de l’irrédentisme qui se radicalise au fil du temps. Le président réélu sera attendu sur les solutions à apporter à une situation complexe aux ramifications indésirables. En effet, force est de constater un scénario bien pensé visant à semer les graines du chaos. Sur la question anglophone au Cameroun, les options du président nouvellement réélu seront scrutées. Friande de paix, une grande frange de la population attend des solutions concrètes sur différents aspects de la question anglophone. Loin des considérations corporatistes de ses débuts, il faut résoudre les aspects liés à la responsabilité de l’Etat à maintenir l’ordre sur toute l’étendue de son territoire, le volet diplomatique de la crise avec le soutien de la diaspora négative, le sort de l’effort national pour le retour et le bien-être des populations déplacées, le désarmement des milices armées et la question de la forme de l’Etat et sa mise en adéquation au droit des peuples à s’auto-diriger.
Sur le plan des infrastructures, Il est important de relever les retards observés dans la mise en route de certains chantiers structurants selon les plannings établis. Notamment en ce qui concerne les projets de deuxième génération dont la matérialisation reste attendue. Ainsi, les attentes sont cristallisées sur la poursuite de ces chantiers et le rattrapage méthodique des retards observés dans la construction des projets routiers (autoroute Yaoundé-Douala, axe Kribi-Ebolowa, Yaoundé-Kribi), barrages hydroélectriques, ponts et infrastructures de télécommunications. Lesdits projets devront être maturés et avoir une forte connexion avec les différents bassins de production.
Sur le plan économique,
L’attractivité de l’environnement économique reste problématique. Il sera question de résorber tous les goulots d’étranglements qui plombent l’activité économique au Cameroun. De façon globale, les facteurs négatifs sont identifiés au niveau de la lourdeur des procédures, le paiement des taxes et des impôts ainsi que le commerce transfrontalier. Des indicateurs qui ont fait basculer le Cameroun de la 163ème place en 2017 à la 166ème place en 2018 dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale. Par ailleurs, les pesanteurs liées au passage à une production industrielle et à l’autonomisation énergétique se posent avec acuité. Dans le secteur de l’économie numérique, point d’attention du chef de l’Etat, la recherche du financement et de l’accompagnement à fort potentiel de revenus devrait être priorisée.
Sur les conditions de vie des populations.
A ce sujet la question du chômage chez les jeunes revient inévitablement. Il est important avant tout de combler la forte demande en termes d’accès aux services de base que sont l’eau, l’électricité, les logements décents à la portée de toutes les bourses, la salubrité, le système de santé publique notamment. Sur ce dernier aspect, il faudra trouver la bonne formule de financement de la couverture santé universelle. Sur le plan de l’éducation, il est temps de concrétiser la gratuité de l’enseignement primaire et renforcer la formation professionnelle au niveau du secondaire.
Sur la construction et la consolidation de l’unité nationale
La réaction et les solutions des pouvoirs publics restent attendues face à la montée du repli identitaire tribal au lendemain du scrutin présidentiel du 7 octobre dernier. Les pistes de réconciliation des Camerounais avec eux-mêmes et les initiatives tendant à la valorisation de la diversité culturelle et linguistique sont à encourager au-delà de toute sphère politique. La Commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme devrait monter en première ligne et s’engager à fond sur le vivre-ensemble. Sur un tout autre plan, la capitalisation et l’inclusion de la diaspora en tant que moteur de développement devraient être impulsées.