Malgré les menaces, l'explosion de violence n'a pas eu lieu, mais la coalition de l'opposition réclame déjà l'annulation de ces élections perturbées par des groupes rebelles.

C’est le défi qu’il fallait relever et Faustin Archange Touadéra l’a fait. Les Centrafricains sont donc allés aux urnes, le dimanche 27 décembre 2020, pour élire leur président de la République et les députés. L’explosion de violence redoutée n'a finalement pas eu lieu. Toutefois, les observateurs redoutent que nombre d'électeurs n'aient pu voter dans ce pays occupé aux deux tiers par des groupes armés dont les principaux mènent une offensive contre le régime du président sortant et favori, Faustin Archange Touadéra. Ces groupes rebelles avaient juré, il y a neuf jours, de « marcher sur Bangui » pour empêcher le scrutin, mais ils ont finalement été tenus à distance de la capitale de ce pays, en guerre civile quasi ininterrompue depuis huit ans. Ils n'y sont pas parvenus grâce au renfort de centaines de paramilitaires russes, soldats rwandais et Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca).


« Globalement, le vote a eu lieu et les électeurs sont venus. Il y a eu un engouement (...) malgré des petits soucis sécuritaires dans quelques endroits », a indiqué à l'AFP, Momokoama Théophile, rapporteur général de l'Autorité Nationale des Elections (ANE). Un satisfecit contesté par les experts et des observateurs dépêchés pour surveiller le scrutin. Les premiers résultats partiels sont attendus le 4 janvier 2021, les définitifs le 19. Un second tour éventuel est prévu le 14 février. Mais déjà, dans un communiqué, la coalition de l'opposition a réclamé, mercredi 30 décembre 2020, l'annulation de ces élections. Dans un pays occupé aux 2/3 par des groupes armés, estime cette coalition, des milliers de personnes ont été empêchées de voter ou privées de leur carte d'électeur, jamais arrivée en raison de l'insécurité due à une offensive rebelle et à la guerre civile qui ravage la Centrafrique depuis près de huit ans. Sur un total de 71 sous-préfectures, « 29 n'ont pas voté », avait déclaré, le lendemain du jour du vote, le ministre de l'Administration du territoire. « Et dans six autres sous-préfectures, il n'y a eu qu'un vote partiel », avait ajouté Momokoama Théophile, rapporteur général de l'Autorité nationale des élections (ANE).

La Coalition de l'opposition démocratique (COD-2020) regroupe les plus importants partis et mouvements de l'opposition et avait déjà exigé, le 19 décembre 2020, le report des élections, pendant que des groupes rebelles menaient une offensive contre le président sortant, Faustin Archange Touadéra et promettaient de « marcher sur Bangui ». Cette coalition était présidée jusqu'à il y a peu par l'ancien président François Bozizé, dont la candidature avait été invalidée, et qui a officiellement apporté son soutien aux rebelles.

         

                                                                                                            Par Joseph Ntsama Mbarga