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Urbain Fiacre OPO, Directeur Général des Mines en République du Congo Brazzaville

« Il faut d’abord féliciter l’Etat du Cameroun qui a pris cette belle initiative »

Qui est Urbain Fiacre OPO ?

Je suis le directeur général des mines. J’ai été convié à prendre part à la réunion des ministres des mines de l’OEACP, mais nous avons aussi été invités par le ministre des Mines du Cameroun pour prendre part à l’exposition qu’ils ont organisée concernant les mines.

Est-ce que vous pouvez donc nous faire l’économie des assises de Yaoundé qui sont achevées il y a quelques heures ?

                                  

Alors là nous parlons de deux activités, puisqu’il y a eu l’exposition et la réunion des ministres des mines de l’OEACP. J’aimerai par exemple commencer par la réunion des ministres de l’OEACP à laquelle j’ai pris part, puisqu’il était question de déterminer notre position en tant qu’Etats africains détenteurs des minéraux critiques. Donc nous avons planché pendant deux jours sur les documents qu’il fallait examiner. Il s’agit des documents qui ont été préalablement élaborés en Zambie en début de cette année. Je pense qu’ils ont encore travaillé sur cette rubrique deux semaines avant que nous ne venions ici à Yaoundé parce qu’il y a eu des participants de plusieurs pays et les nôtres étaient également en Zambie pour examiner ces dossiers. Il s’agissait donc de prendre une position commune concernant les minéraux critiques dont certains pays sont détenteurs. Et au cours de ces assises, nous avons regardé de fond en comble le document qui nous a été proposé et les amendements ont été apportés, des observations ont été faites, en gros ce qu’on peut retenir est que nous avons voulu avoir une position commune en ce sens que nous essayons de répondre à une demande extérieure, mais avant, nous devons aménager et asseoir une bonne politique interne. Comme pour répondre à la demande de l’Union européenne concernant donc les minéraux critique. Je pense que cette réunion s’est tenue comme il se doit et nous avons atteint des résultats très pertinents et qui vont permettre que demain nous puissions résoudre nos problèmes.

 

   

 

Quant à l’exposition, j’ai pris part à l’ouverture, mais le reste de temps j’étais plus concentré à la réunion des ministres, ce d’autant plus que moi-même je suis un haut fonctionnaire désigné pour prendre part à ces assises. Concernant donc l’exposition effectivement, ce que nous avons constaté est que c’est à féliciter. Il faut d’abord féliciter l’Etat du Cameroun qui a pris cette belle initiative et qui a bien organisé les choses depuis pratiquement l’ouverture, les stands, mais aussi les tables rondes qui ont été organisées. D’ailleurs, j’ai mois même pris part à la dernière table ronde sur l’activité artisanale et de la petite mine, l’impact économique de ces activités et je pense qu’il y a eu beaucoup de bonnes choses, ça s’est bien passé et ça s’est terminé sur une bonne note.

Revenons donc sur l’état des lieux des mines en République du Congo, votre pays, qu’en est-il exactement ?

 

Il faut retenir que notre pays s’est investi depuis pratiquement 19 années, donc depuis 2005 dans l’exploration et la recherche minière. Nous avons eu beaucoup d’avancées, puisque nous avons réussi à mettre en évidence 20 projets, c’est-à-dire 20 prospects, des projets pour lesquels toutes les études ont déjà été faites et on a mis en évidence les gisements. Donc il y a 20 gisements bien connus dont les gisements promoteurs. Il s’agit des gisements de fer, potasse, phosphate et de cuivre. Et c’est tout ça qui rentre dans ce paquage de 20 projets dont deux sont déjà en production depuis 2017 avec des perspectives en 2025 ou en 2026 où on aura le projet des mines sur la potasse qui va entrer en production. Nous avons récemment lancé les projets des mines de Labimba et de Mbalam avec les ministres en charge des mines des deux pays, mais également le ministre des Transports du Cameroun qui était présent au lancement de ces travaux. Voilà un peu le décor des mines du Congo et à côté nous avons également la petite mine et aussi l’artisanat minier qui constituent en quelque sorte le décor de l’activité minière au Congo.

Est-ce qu’on peut dire que les résolutions prises à Yaoundé pourraient alors bénéficier aux populations et résorber certains problèmes que connaissent les peuples d’Afrique centrale, notamment le chômage, la pauvreté… ?

                                  

Il s’agit là des projets de l’Etat et qui dit Etat dit populations, l’Etat c’est le peuple. Il faut d’abord voir ça comme ça et non individuellement. Donc toutes les précautions sont prises pour que nous ne soyons pas seulement les pays exportateurs, mais que nous soyons aussi des pays qui vont transformer la matière première pour augmenter la valeur ajoutée, pour donner les emplois surtout d’abord aux nationaux, mais également pour développer les zones impactées directement par les mines à travers les cahiers des charges et les Conventions qui seront signés. En général, on fait de notre mieux pour prendre compte de tous les aspects liés à l’exploitation minière parce qu’il y a d’énormes défis qui vont d’abord dans le sens du continu local, mais également dans le sens de veiller à ce que l’activité minière ne puisse pas impacter de manière négative l’environnement et donc au peuple qui habite les sites dans lesquels sont extraits les minerais. Mais faire également que les milieux reculés qui sont les milieux où se trouvent les mines soient accessibles, veiller pour qu’il y ait un développement local.

Au Cameroun, il est exigé la transformation locale des 15% du minerai exploité, qu’en est-il de votre pays ?

Dans la grande mine, la mine industrielle, la Convention est signée entre le partenaire minier et l’Etat et dans celle-ci il y a des dispositions pour le contenu local, c’est-à-dire pour le développement de la zone directement impactée, hormis ce que l’Etat devrait exiger comme taxes et autres revenus qui lui reviennent. L’essentiel est de développer le pays avec tout ce qu’on peut avoir, avec toutes les ressources. Ici il y a donc quelque chose qui est directement réservée aux populations locales, je veux parler de la zone impactée. Alors dans nos Conventions, ça dépend de la taille du projet. Il y a 200.000 dollars qui doivent être affectés à la zone impactée. Rien à voir avec le Congo en entier. Argent géré par la communauté locale, par un comité mis en place dans lequel se trouve le ministère des Mines, mais également les collectivités locales. Celles-ci choisissent les propres projets pour leur développement, et reçoivent cet argent de la société. Ça ne passe même pas par l’Etat. Maintenant hormis les 200.000 dollars, la société morale a la responsabilité sociale pour consolider sa relation avec la communauté locale. Elle peut le faire en développant d’autres projets localement.

En votre qualité de haut fonctionnaire, vous aviez certainement un message à envoyer à votre pays et pourquoi pas à toute l’Afrique centrale, au sortir de cet entretien.

Je vous remercie de l’opportunité que vous me donnez pour passer un message à l’Afrique en général. Je pense que notre continent est bien parti pour résoudre avec beaucoup de vigilance ses problèmes. Les occasions où on se retrouve pour partager nos expériences sont à multiplier, ça devrait se faire autour de vrais sujets qui minent nos sociétés. Dans le domaine des mines, nous avons constaté lors de leur exploitation qu’il y a des partenaires véreux qui prennent en otage nos projets pour avoir procédé à l’exploration, mais qui ne sont pas à mesure de les développer. En gros, ce sont les sociétés chinoises qui prennent les projets et qui sont incapables de les réaliser, et à la fin à se retrouve dans les tribunaux et autres. Nous voulons, comme a dit le ministre d’Etat récemment que nous n’allons pas nous laisser faire parce que lorsqu’ils prennent nos projets en otage, nous n’avons pas la possibilité de les développer. Il y a par exemple ceux qui ont pris en otage pendant 20 et plus un grand nombre de nos projets. L’Afrique doit être vigilant, pour signer les contrats avec des entreprises qui sont capables de les réaliser. Mais nous avons également d’autres défis qui sont liés à l’exploitation minière artisanale. En faisant le point lors de nos échanges, nous nous sommes rendu compte que les pratiques ne sont pas fortement les mêmes et qu’il n’y a pas de mauvaise ou bonne pratique en ce sens que nos expériences montrent que chaque pays a sa manière de faire. Mais la question de l’artisanat minier est une question très délicate ce d’autant qu’il est réalisé par les nationaux.  Il pose assez de problèmes en ce sens que capter la production des artisans est très difficile, étant donné que certains de nos pays ont les points ou les sites d’exploitation d’accès très difficile et souvent les artisans s’arrangent à aller dans les profondeurs. Et les dégâts qu’il crée en ce qui concernant l’environnement sont aussi très importants et nous devions donc mutualiser nos efforts, nous devions échanger nos expériences pour que nous aboutissions à un meilleur contrôle de la production artisanale. Elle n’est pas à négliger, elle est très importante.

         

Il s’est aussi dégagé au cours de ces assises la possibilité pour que l’Etat puisse investir directement, étant donné que l’artisanat minier est un domaine où il n’y a que les nationaux qui travaillent. L’Etat peut directement investir dans l’artisanat pour racheter la production des artisans à l’effet de la maîtriser, étant donné qu’elle emprunte des voies un peu compliquées sur lesquelles il est difficile de mettre la main et est vendue de manière illicite. Et ce qu’on apprend par exemple au niveau de Doubaï est que c’est l’or qui sort du Congo et pourtant il n’est pas passé par les voies officielles. Et ça augmente notre compte en termes de vente d’or à l’étranger, parce que le veuille ou pas l’ITIE est très vigilant sur ces aspects et puis lorsqu’on est face d’eux on est confronté à ce genre de problème, à savoir « vous avez déclaré telle production, mais ce que nous avons constaté à Doubaï, elle est supérieure ».

                  Propos recueillis par Joseph Ntsama Mbarga

 

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