« Parler pour communiquer, Communiquer pour se Comprendre, se Comprendre pour Agir ensemble »
Propos recueillis par Joseph Ntsama Mbarga
La Découverte Régionale : Madame, si l’on vous demandait de vous présenter à nos lecteurs, quelle facette de votre personnalité mettriez-vous en avant, tant vos activités sont nombreuses et diversifiées ?
Madame Marie-Victoire Vénus-Ploton : Je crois que ce qui est intéressant à savoir, c’est que je fais partie de cette diaspora active et agissante, qui a fait le choix de revenir ici au Cameroun. Puisque mon aïeul a été arraché à cette terre du Cameroun il y a plus de 400 ans dans le cadre de l’esclavage.
LDR : Comment s’appelait-il ?
Madame M-V. V.P. : Impossible de vous donner son nom ! Et cela me désole ! Vous savez bien que les esclavisés partaient sans nom Quand on les a arrachés à leurs terres, ces malheureux ont perdu leur patronyme, signe de leur appartenance à un clan, à une terre (le village). Ils étaient d’ailleurs souvent extrêmement robustes. C’étaient les plus beaux, les plus forts, comprenez, que justement qu’ils étaient sélectionnés pour être embarqués et emmenés par-delà les mers.
On leur attribuait un numéro de matricule, car faisant partie des biens-meubles selon le Code Noir, par l’ordonnance royale de Louis XIV de mars 1685, instaurant la police des îles de l’Amérique française. On leur attribuait un numéro, lors des opérations de commerce triangulaire, et c’est avec ce numéro de matricule qu’ils sont arrivés aux Antilles, au Brésil, aux États-Unis d’Amérique et en Guyane Française. Quand ils y sont arrivés, à partir du numéro de matricule, on indiquait le bateau et sa provenance dans lequel ils sont montés. Après leur arrivée, le maître leur attribuait des noms francisés ou ‘’eurocisés’’, essentiellement français quand ils sont partis du Cameroun. Le Cameroun ayant une position particulière. Il y avait bien sûr les Anglais (Jamaïque Dominique Trinidad), les Allemands et les Portugais (Brésil), les Néerlandais (Suriname), les Espagnols (Cuba saint Domingue) et les Français.
L’héritier de mon trisaïeul en Martinique, lors de son affranchissement fut nommé VÉNUS, devenu gens libre. Pourquoi ? VÉNUS parce qu’il était tellement beau ! Véritablement il était très beau… Donc, voilà c’était lui mon aïeul, c’était un homme hors-pair ayant engendré par la suite mon arrière-arrière-grand-père, mon arrière-grand-père, mon grand-père, portant tous des prénoms spéciaux. Il y avait Diogène, puis un autre qui s’appelait Appolon. Les autres prénoms m’échappent. C’est ce qui fait aussi cette résilience qui nous est propre, soit exceptionnellement très forte quand on vient des Antilles. Puisque nous sommes fortifiés par ce que nos aïeux ont subi. Évidemment on le sait bien, ce sont les plus forts qui partaient, et ce sont encore les plus forts qui arrivaient jusqu’au bout, et qui résistaient « dans la cale du bateau », dont parle Aimé Césaire. Eux seuls, avaient la capacité de survivre dans un état puis de procréer, tout en travaillant dur. J’ai envie de rendre cet hommage, de remercier notre aïeul de nous avoir légué tant de force, tant d’intelligence aussi. Je dis nous, parce que j’appartiens à une lignée. Voilà la raison qui justifie ma présence au Cameroun : parce que le bateau qui avait déporté mon aïeul paternel était parti du Cameroun, tout simplement Mais il est parti du Bénin en ce qui concerne l’ascendance de ma maman, c’est-à-dire pour la lignée des aïeuls de ma génitrice.
Toutefois, je dois préciser que je ne nourris aucune rancune je ne suis pas de cette époque. J’ai le devoir de ne pas oublier. J’occupe ma place.
LDR : Quelle casquette voudriez-vous particulariser parmi toutes celles qu’on vous reconnaît ?
Madame M-V. V.P. : Moi, je suis une femme féminine de la terre, du monde. Je suis un être humain, avec des valeurs universelles, voilà tout. Donc, cela veut dire que je me sens bien partout. Cela veut aussi dire que partout où je me trouve, mon objectif c’est d’examiner quel plus, je puis apporter si l’autre en a envie. Qu’il s’agisse de compétences professionnelles, bien sûr personnelles, ou financières des gens… en commençant par moi-même, d’ailleurs ! RIRES
Je peux dire qu’une casquette n’est pas permanente. Selon moi, une casquette, se porte, s’enlève, quand il fait chaud, et se remet après, si besoin. Ce qui est important pour moi, c’est d’avoir toujours la bonne posture au bon moment, être dans la bonne mesure. Et pour être dans la bonne mesure il faut parler pour communiquer, communiquer pour se comprendre, et se comprendre pour agir et réussir ensemble. C’est parfois difficile, je le reconnais ici au Cameroun, où nous avons des gens qui ne sont pas toujours avec beaucoup d’éthique. Pour cette raison la règlementation relative à la corruption se durcit notamment grâce au numérique. Le Cameroun n’est pas le seul pays dans cette démarche. Et donc, à partir du moment justement où on comprend comment cela fonctionne, on prend ses précautions. Je prendrais l’exemple des actions de coopération décentralisée, par laquelle je présente des projets énormes pour le Cameroun. Certains investisseurs étrangers jouent la prudence. Ils préfèrent attendre, avant de s’engager au Cameroun, alors que la loi de 2013 est encourageante. Moi, je m’adapte ! Est-ce que les gens changent à mes côtés, s’améliorent ? Il faut le leur demander.
LDR : Qu’est-ce qui motive un tel engagement pour la cause de l’humain ? Votre histoire personnelle, votre éducation ou faut-il le mettre sur le compte de la foi ?
Madame M-V. V.P. : Quelle question ! RIRES C’est vrai que je suis croyante, mais je n’agis pas pour la cause de l’humain particulièrement, sous le prisme de la dévotion religieuse, par prosélytisme. Je ne sais comment vous étiquèteriez l’envie ancrée qu’on peut avoir de développer ou de participer au développement d’un pays, d’y accompagner les postures de d’excellence ? La posture d’excellence, c’est quand-même une posture qui est particulière. Comment peut-on développer cette posture chez les gens, si on n’a pas ce goût de l’humain ? Mais au-delà du goût de l’humain, c’est aussi avec l’objectif d’adosser cette posture au développement socioéconomique, donc à la création durable des richesses. Rendez-vous compte, quand-même : en 2050, l’Afrique comptera deux milliards quatre cent millions d’habitants suivant les prévisions démographiques, et sera par conséquent le grand puits de consommateurs du monde. Et donc, certains États qui sont des pays en partenaires du Cameroun, sont à observer. Ainsi, l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, l’Égypte, le Rwanda la Corée du Sud, bien sûr, sans parler du puissant Nigéria voisin. Et puis, on a la Côte-d’Ivoire, le Sénégal, ou le Gabon, qui sont offensifs. Ce sont des exemples car chaque pays du continent dispose d’avantages comparatifs certains.
Or, la population doit se mettre au travail, pour s’adapter justement à ce nouveau monde, avec performance : dans l’intelligence artificielle, dans la compréhension des mécanismes budgétaires financiers, l’appropriation des secteurs prioritaires de la Stratégie Nationale de Développement (SND30), pour conduire à la transformation structurelle de notre économie. L’humain est de toutes les façons le pivot de toute transition, de tout changement. Donc, je n’ai pas d’autre passion pour l’humain que celle de ceux qui ont envie d’accompagner l’évolution de ce pays. Croyez-moi, ils sont nombreux. Et croyez aussi qu’au Cameroun, il y a une architecture règlementaire, législative, administrative de qualité. Il importe maintenant que toutes les règlementations, toutes les prescriptions du Président de la République, des ministres, des administrations voire des institutions internationales soient visiblement réalisées par la décentralisation sur le terrain. Que les gens en soient conscients, qu’ils se l’approprient. Qu’ils sachent définir la ZLECAf la SND30… Ils doivent pouvoir répondre à des questions comme : Que représente la Zone de Libre-Echange sur le continent africain ? En quoi la transition climatique, nous touche-t-elle ? Que le commun des citoyens appréhende les objectifs du développement durable. Il importe vraiment que tout cela descende jusqu’aux populations, pour que notre avantage comparatif qui est celui de l’agriculture, soit optimisé. Nous avons 80 % de terres arables. C’est quand-même une rente absolument fabuleuse, à utiliser encore plus pour nourrir le Cameroun, et aussi le reste de la sous-région, voire de l’Afrique, grâce à l’agriculture de seconde génération et l’Intelligence Artificielle.
LDR : Votre éducation, surtout votre histoire personnelle ne motivent-elles vraiment pas votre engagement et votre détermination observés ?
Madame M-V. V.P. : On est toujours le résultat de son histoire, c’est évident. Mon père était un élu. Alors, forcément depuis ma plus tendre enfance, j’ai vu mon papa être au service des populations. Ce qui est normal. C’est vrai qu’il y a aussi cette éducation religieuse et stricte que nous avons reçue à la maison, avec le respect des aînés, le respect des traditions. Si j’ai pris le temps avant notre échange, c’est parce que je m’entretenais avec un Chef Traditionnel que je connais bien. Cette éducation d’Amour à la maison s’est faite aussi en observant, c’est-à-dire en ayant des rôles-modèles, comme mes parents et Maman Paulette. Je crois en l’importance des rôles-modèles. Mon éducation a été renforcée par la formation, l’alphabétisation dans des conditions particulières, avec une maîtresse extrêmement rigoureuse, devenue aveugle qui m’a appris à lire à 3 ans. Oui, dès l’âge de 3 ans je savais déjà lire, grâce à une dame qui ne voyait rien ! C’est-à-dire qu’elle se servait juste de ses souvenirs. Elle était devenue aveugle, donc elle se souvenait des pages du livre de lecture… Ce qui fait qu’effectivement j’ai eu cette éducation-là, cette formation, et j’ai une passion de la lecture, une passion des livres, de la musicalité des mots.
C’est vrai, par ailleurs, que je suis diplômée de Sciences Politiques. Donc cela joue aussi, ce sens du devoir, ce sens du service public, ce sens aussi de la quête du mieux-être pour les personnes, de l’amélioration de l’indice de développement humain, notamment dans ses composantes d’accès à la santé et à l’alphabétisation Le récent « Literacy Day » organisé au Cameroun avec la présence de madame la Directrice de l’UNESCO l’a bien montré.
Quand les institutions internationales veulent examiner les comptes d’un pays, elles vont en plus des données des comptes publics, chercher le taux de scolarisation, le nombre d’étudiants et leur réussite, le nombre de mariages précoces, le taux d’alphabétisation au-dessus de 15 ans, la densité hospitalière… Le taux de croissance de ces indicateurs identifie l’entrée dans la modernité.
LDR : L’on vous a remarquée lors du récent sommet de l’organisation de la conférence islamique. Qu’est-ce qui justifiait votre présence dans une telle assemblée ?
Madame M-V. V.P. : Non, me remarquer, franchement je pense que je suis plutôt discrète, ma discrétion n’a peut-être pas assez joué, RIRES
En effet, quand on a envie de s’intéresser à un pays, on regarde la totalité du pays : du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Je sais que la région de l’Extrême-Nord et celle du Nord sont des régions aux problématiques sécuritaires, Mais ce sont des régions où nous devons impérativement réduire l’écart avec les autres régions, elles-mêmes ayant aussi à se développer davantage. La donne de la population islamique y étant assez forte, ces deux régions étaient particulièrement concernées compte tenu du thème retenu de cette 50e édition de la Conférence de l’OCI de cette année au Cameroun. Ce thème portant sur le développement des infrastructures, la culture de la paix et la promotion de la sécurité, ce qui du reste justifie ma présence à cette rencontre internationale. Ma place était là, parce que, comme Ambassadrice de Solutions je suis présente lors des événements qui comptent. C’est vrai que je ne travaille pas seule : je travaille avec une association, avec un cabinet avec des partenaires. En plus, je respecte les règles de ce pays, donc je ne peux pas être seule.
Mais franchement, je suis quand même l’Ambassadrice de Solutions pour l’Afrique. Pour imaginer des solutions, ou les valoriser, le terrain, les analyses en vigueur, la rencontre avec ceux qui sont ou seront aux affaires, est indispensable.
Il y a des étapes en effet : identifier les problèmes et leurs causes, les analyser, et de trouver au moins des pistes de solutions concertées pour avancer, en intégrant les nouvelles technologies. Puis tester ces solutions, les évaluer et de les généraliser, selon le contexte. Naturellement de manière proactive. Voilà pourquoi j’étais à la Conférence de l’OCI. C’était extrêmement intéressant, 57 pays en tout. Une fois de plus, on a vu le Cameroun au sommet de la diplomatie du monde. C’était vraiment exceptionnel.
LDR : Depuis quatre ans que vous êtes revenue dans votre pays d’origine, où vous avez créé l’association ‘Les Entretiens de l’Excellence au Cameroun’, que peut-on mettre à votre actif ?
Madame M-V. V.P. : Vous savez, c’est toujours compliqué de faire son auto-évaluation, même si c’est exactement ce que je demande aux jeunes et aux femmes que je forme au quotidien et aussi les élus. Ce qui compte justement c’est que, quand on est dans une démarche d’excellence, il faut aussi être dans une posture d’évaluation. Systématiquement, quand je mène des activités avec des élèves, avec des étudiants, avec leurs professeurs, avec leurs parents, il y a une évaluation, il y a des questionnaires qui sont composés par des statisticiens auxquels ils sont soumis, et dont les résultats sont remis aux Ministres de tutelle ou autorités hiérarchiques. A Douala - à l’ESSEC- à Yaoundé à l’IAI-Cameroun, une opération porteuse a été relevée : plus de mille élèves de lycées vont dans un établissement d’enseignement supérieur pour rencontrer des rôles-modèles, qui vont leur parler de leur métier. Non pas afin de s’entendre dire : devenir pharmacien nécessite tant d’années d’études. C’est bien plus, les élèves découvrent les réponses à : Quels ressorts utiliser pour réussir ? En quoi une activité associative scolaire, devient à la fois source de socialisation, d’apprentissage mais aussi de responsabilité, car il faut pouvoir rendre compte dans les délais ? Et quelle pratique de mon savoir, dois-je mettre en avant pour réussir ? Et nous voilà dans la perspective de la professionnalisation des enseignements.
Je peux affirmer ici que les résultats des ‘’Entretiens de l’Excellence au Cameroun » sont satisfaisants Où ? Douala, Yaoundé, Kribi, Foumban, Bafousssam, Garoua, ou à Obala Prochainement, nous serons à Mokolo(Extrême Nord), Messamena et Abong Mbang (Est), Ayos Bikok (Centre) Nkongsamba (Littoral) Buéa (Sud-Ouest). Telle est la première chose.
La deuxième chose, est aussi celle qui m’a d’ailleurs valu d’être l’Ambassadrice de Solutions en Afrique : au moment de la digitalisation nous instaurons, une plateforme numérique de l’excellence au Cameroun, où les jeunes pourront à la fois voir les programmes courts des rôles-modèles, et puis prendre la pleine mesure des enjeux de 2030. C’est-à-dire les Objectifs de Développement Durable, la COP16, la COP29, la transition climatique, l’égalité des filles et garçons, et surtout l’inclusion. Sans oublier le plan triennal 2024-2026 d’import-substitution
J’en profite pour préciser que cette nomination comme Ambassadrice de Solutions pour l’Afrique est simplement la mission humble de repérer, de défendre, de valoriser les solutionneurs, notamment auprès des jeunes. Les jurys souhaitent aussi obtenir voix consultative dans les instances internationales en Afrique.
LDR : Votre déploiement est-il circonscrit à ce pays, ou d’autres États bénéficient-ils de vos actions, ce qui du reste corroborerait votre stature de Femme leader et d’impact pour l’Afrique 2022, Ambassadrice de Solutions pour l’Afrique 2023 et 2024 et Grand Prix de l’Engagement pour l’Afrique 2024 ?
Madame M-V. V.P. : Nous sommes obligés de travailler ensemble, premièrement parce que le Cameroun est dans une sous-région. Donc, il y a des pourparlers par rapport aux activités qui concernent la décentralisation, l’impact des rôles-modèles. D’ailleurs justement, dans le choix des ambassadeurs, j’ai proposé des ambassadeurs du Cameroun et d’autres pays.
J’espère (et je voudrais que vous le notiez) que justement si toutes les conditions sont réunies, je pèserai avec d’autres pour que justement la Semaine de l’Afrique des Solutions se passe au Cameroun, une prochaine fois. Et là, nous pourrions montrer combien les Camerounais du Nord au Sud, de l’Est, à l’Ouest, dans la diaspora, sont des Ambassadeurs de Solutions pour le Cameroun et pour l’Afrique. Ce qui compte, c’est créer des solutions avec nos savoirs endogènes. Cesser une attitude de mendicité. Nous avons aussi de très grandes qualités et savoirs, Nous avons bien sûr en plus des richesses minières, évidement un capital humain de choix. C’est pourquoi je vous ai dit que l’indice de développement humain est essentiel. Ceci pour pouvoir justement stabiliser cette croissance économique et réduire l’inflation, mais surtout créer de la valeur ajoutée. C’est clair, nous ne pouvons pas avoir des ports dans le golfe de Guinée avec tant d’importance et où il y a eu autant d’investissements, pour nous en servir essentiellement pour importer.
LDR : Concrètement, comment s’opèrent vos interventions en direction des structures ou personnes physiques ?
Madame M-V. V.P. : Le Cabinet VALOR CONSULTANCY AFRICA, dans un contexte de mondialisation, combine le travail d’équipe, le travail d’analyse, la présence sur le terrain pour mieux comprendre la situation. Le pays Cameroun est suffisamment diversifié, pour le décrypter avec nuance. Et par ailleurs, pour aller dans d’autres pays, c’est important de pouvoir travailler aussi avec les atouts, les avantages qu’on appelle des avantages comparatifs de chacune des régions.
Ainsi « Une stratégie, des résultats » est notre devise. La méthodologie retenue consiste à expliciter la démarche pour requérir l’accord d’intervention. Puis poser la stratégie, adapter les objectifs innovants et au moins la posture d’excellence idoine face au public choisi et à la problématique déterminée, dans sa complexité. C’est un énorme travail, un travail d’ingénierie. C’est pour cela qu’il nécessite d’être très bien rémunéré. Pour aller dans les détails, les équipes effectuent un travail très lourd sur le terrain. Fournir des analyses, des propositions de qualité nécessite de mobiliser les experts, les ingénieurs, avec leur matériel...
LDR : Quelles sont les principales entraves que vous rencontrez dans les bureaux ou sur le terrain, dont la levée faciliterait grandement la poursuite de vos objectifs ?
Madame M-V. V.P. : En fait ne pas tout attendre de l’Etat mais développer une posture de responsabilité sociétale et environnementale des entreprises. Pour les conduire à accompagner, mais ceux qui ont le plus besoin, percevoir le bien-fondé et surtout la plus-value des activités de l’Association Les Entretiens de l’Excellence au Cameroun et surtout le public drainé : 20.000 sympathisants ou adhérents et autant de personnes impactées -jeunes, femmes, chefs traditionnels chefs d’entreprise, chaque année.
L’autre aspect qui n’est pas si difficile, c’est de convaincre les gens, en se mettant à leur place. Du charisme ? Du leadership ? Je n’en sais rien pour ce qui est des gens qui me suivent, ce n’est pas ça qui est le plus difficile. Mais un volet essentiel, c’est comment faire prolonger l’activité sur le terrain quand vous êtes parti ? C’est-à-dire créer les relais. Et donc, c’est justement un défi pour prolonger les activités. La deuxième chose, ce sont les infrastructures adéquates. Je crois que nous avons tous intérêt à ce que les routes et la connexion internet se développent, de façon à ce que l’intelligence artificielle nous permette de réduire rapidement le gap avec d’autres pays, avec l’Occident, avec la Chine par exemple, et créer des emplois. C’est vraiment une obligation ardente, créer des emplois bien rémunérés. Pas où on est obligé de vous payer une première partie de la dette, puis après on vous dit : « Prends d’abord ceci… ». Non, cela ne se fait pas !. Et puis, il y a l’aspect de l’organisation : nous sommes dans un pays où il y a la planification, et c’est tant mieux. Il faut arriver au bon moment de l’inscription de la planification des activités, pour pouvoir être pris en compte. À partir du moment où on l’a compris, tout devrait aller pour le mieux, sans naïveté Bien sûr qu’il y a toujours des difficultés, il y aura toujours des écueils, mais chaque situation est toujours perfectible. Et que ce qui compte, je le répète, est : « parler pour communiquer, communiquer pour se faire comprendre, se comprendre pour agir ensemble ».
LDR : Quels sont les grands chantiers dans lesquels vous êtes actuellement engagée, à court, moyen ou long terme ?
Madame M-V. V.P. : Vous savez bien que c’est une question à laquelle il ne faut pas répondre au Cameroun ou partout d’ailleurs, avec prudence, sous peine de les voir galvauder. Je vous indique trois pistes non exhaustives.
Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a des progrès à réaliser au niveau de la professionnalisation des enseignements universitaires et professionnels, dans la mise en œuvre du statut étudiant-entrepreneur.
La question du maintien du capital santé est une donnée fondamentale et des avancées sont réelles et méritent d’être accélérées, tout comme l’urbanisation et son corollaire la gestion des déchets.
Ensuite, c’est la place de la femme dans les activités socio-économiques, politiques, diplomatiques. Même si nous avons beaucoup d’intelligence en général, rendre visible l’intelligence féminine, est incontournable.
Et puis, je pense que le dernier point c’est tout ce qui concerne justement l’ensemble des savoirs endogènes qu’il faut mettre en avant, comme points d’appui pour pouvoir assurer et à la fois notre fierté mais également notre réussite par nous-mêmes. Parce que c’est avec nous-mêmes que nous allons faire nous-mêmes. Dans un contexte simultané de mondialisation et de multipolarité.
Donc, la décentralisation accompagnée de la nécessaire déconcentration, et des financements en suffisance est le défi. Et puis encore la décentralisation afin que chacune des dix régions du Cameroun trouve sa place, avec des zones économiques spéciales, dans la marche vers la transition industrielle. Nous sommes sur ces chantiers-là : La création de richesses par la formation, l’entrepreneuriat, la prise en compte de l’inclusion. La place de la femme bien sûr.
La Découverte Régionale vous remercie pour votre disponibilité.