Passage de témoin entre Hilarion Etong, Président sortant à droite et Evariste Ngamana à gauche, Président entrant du parlement de la Cemac
De nationalité centrafricaine, cet homme multidimensionnel élu par acclamation le 26 mai dernier, à Malabo, au cours d’une session extraordinaire, remplace le Camerounais Hilarion Etong qui a passé quatre ans à ce poste.
C’est l’immeuble-siège du Parlement communautaire, à Malabo, capitale de la Guinée Equatoriale, dans sa grande toilette, qui était de circonstance pour l’élection du nouveau président du Parlement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique-centrale (Cemac). Une élection qui s’est déroulée le 26 mai 2023 dans le cadre d’une session extraordinaire qui s’est clôturée juste après cette élection du président suivie de la désignation des membres des bureaux et diverses commissions de cette auguste chambre.
Désormais donc, c’est le Centrafricain Evariste Ngamana qui préside aux destinées de cette institution communautaire. Elu par acclamation pour un mandat d’un an par ses pairs. Il remplace à ce poste le Camerounais, Hilarion Etong, dont le magistère de quatre ans n’a pas été un long fleuve tranquille. Un mandat traversé par des crises protéiformes qui n’ont véritablement permis aux parlementaires communautaires de mener à bien leur mission, en dépit de leur engagement et de leur détermination à marquer de leur empreint cette institution. Néanmoins, leur bilan, dans ce contexte où le travail se faisait davantage en présentiel, reste flatteur.
Parmi les points d’achoppement au travail de cette cuvée d’élus communautaires, comme l’a d’ailleurs cité le président sortant, Hilarion Etong dans son discours d’ouverture de la session, il y a eu cette grande menace de la pandémie du Covid-19, mais également la crise liée aux facteurs endogènes et exogènes comme la guerre en Ukraine, qui a frappé de plein fouet les économies des pays de la Cemac. Toutefois, nonobstant ces difficultés, « la moisson juridique » a été abondante, a tenu à souligner le compatriote de Paul Biya, le président de la République du Cameroun, pays hôte du 15e sommet ordinaire de la Cemac tenu le 17 mars 2023 à Yaoundé. Sommet marqué par d’importantes décisions, particulièrement celle du passage de témoin à Faustin Archange Touadéra, le président de la République Centrafricain qui trône désormais à la tête de la Cemac.
Le doyen d’âge
Quant à l’élection du nouveau président du Parlement communautaire, il est de bon ton de relever que celle-ci a fait date dans les annales de l’histoire de la Cemac, eu égard à la mobilisation dont elle a bénéficié, mais également à la majesté, la solennité et le faste qui l’ont accompagnée, dans la capitale équato-guinéenne, du 25 au 26 mai dernier. Présidée par le doyen d’âge de l’auguste chambre communautaire, Vincent Mavoungou Bouyou du Gabon, assisté, dans le rôle de secrétaire, des deux plus jeunes députés de l'institution Moussa Idriss Mahamat Saleh et Cathia Djoufoune, tous parlementaires du Tchad, la nomination du nouveau maître de céans de cette institution parlementaire a connu un dénouement sans anicroches.
Toutefois, même s’il n’a pas fait mystère de sa volonté d’inscrire son mandat dans la continuité, cela ne souffre aucune contestation, compte tenu du contexte et des valeurs humaines et professionnelles qui lui sont propres, que l’arrivée à la tête du Parlement communautaire d’Evariste Ngamana inaugure une nouvelle ère. « Je pense que dans ce genre de situation, on n’invente pas la roue(…), j’entends donner à cette institution toute sa force, afin qu’elle joue pleinement son rôle, qui est celui dévolu à tout Parlement (…) J’envisage au cours de mon mandat, de pouvoir renforcer les capacités, mieux de redynamiser les commissions permanentes (…) J’inscris mon action dans la continuité de ceux qui m’ont précédé et je n’ai pas la prétention de changer comme par enchantement, avec un bâton magique, le fonctionnement de cette institution. Mais je pense modestement que j’apporterais autant que faire se peut, le meilleur de moi-même pour redorer le blason de notre institution, surtout que nous avons traversé un moment de crise lié à la pandémie de Corona virus pendant lequel les sessions en présentiel n’étaient pas évidentes ; et aujourd’hui, nous revenons à la tradition (…) je m’emploierai à ce que cette tradition puisse demeurée ». C’est ainsi qu’a présenté les grandes lignes de son action, Evariste Ngamana, en tant que nouveau président du Parlement communautaire, lors de son échange avec les hommes de médias, quelque temps après son élection.
Homme discret
Dévot de l’Eglise catholique, comme nous le disions supra, Evariste Ngamana est un homme discret à l’endroit de qui ses collaborateurs ne tarissent pas d’éloges. Réputé probe, compétent, fidèle et travailleur acharné, qualités qui le précèdent partout où il a été appelé à servir, le Centrafricain mûri par les épreuves et la complexité de ses missions ; dépositaire d’un brillant parcours académique et professionnel, est nanti d’une solide expérience parlementaire.
Ecce Homo
Si cela relève pratiquement d’une gageure que de camper une personnalité de la trempe de Evariste Ngamana, mais une chose pour laquelle s’accordent les populations de la Cemac, toutes proportions gardées aujourd’hui, après son élection à la tête du Parlement communautaire, est que cette figure de proue de la politique centrafricaine est « the right man at the right place ». En effet, blanchi sous le harnais de l’Eglise catholique romaine, cet hiérarque de la chambre basse du Parlement centrafricaine n’a pas tardé à se tailler la réputation de grand manager politique, grâce à son intelligence, sa compétence et sa capacité de travail sur le terrain. Des qualités qui s’investissent dans son grand destin en politique et qui l’ont conduit au perchoir du Parlement de la Cemac le 26 mai 2023.
Cet élu qui a compris très tôt que la fonction tributienne qu’il incarne depuis plusieurs années s’accommode des valeurs comme la générosité, force l’admiration de ses compatriotes et des autres personnes qui le connaissent. Sa singularité tient aussi de cette capacité extraordinaire de concilier ses activités extraparlementaires et parlementaires, que de sa multi-dimensionnalité. Tributaire d’une vision personnelle de l’intégration communautaire, il a toujours joué sa partition, afin que celle-ci ne soit pas une simple vue de l’esprit, mais prenne effectivement corps. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il inscrit son combat en tant que président du Parlement de la Cemac.
En fait, souverain intellectuel, Evariste Ngamana est titulaire d’une tripotée de diplômes obtenus dans certains domaines comme la philosophie, la théologie, le management de l’administration publique, le droit des affaires ; la liste n’est pas exhaustive. Le curriculum vitae de cet homme bardé de peaux d’âne renseigne d’ailleurs sur la dimension intellectuelle, spirituelle et professionnelle. Il est titulaire entre autres d’une attestation de management de l’administration publique de l'Ena en France, d’un Master 1 en droit des affaires de l'Université de Bangui et d’un bac+7 de philosophie et théologie du grand séminaire de Bimbo en Centrafrique.
L’actuel premier vice-président de l'Assemblée nationale de Centrafrique qui arpente les couloirs du Parlement communautaire depuis 2011 en tant qu’élu national, est une figure très connue dans son pays aussi bien dans le milieu religieux que dans l’administration publique et même celui des affaires. Evariste Ngamana a été, dans son pays, tour à tour : conseiller spécial au cabinet de l'Assemblée nationale, directeur des lois à l'Assemblée nationale, directeur de cabinet au ministère chargé du Secrétariat du gouvernement et des Relations avec les institutions de la République et directeur adjoint du petit séminaire de Bouar à Yole. Il est le deuxième Centrafricain à occuper le poste de président du Parlement de la Cemac après son compatriote Laurent Gomina Pampali en 2009.
Joseph Ntsama Mbarga
