Chargée des questions d’intégration sous-régionale, pendant plus d’une décennie, au sein du gouvernement équato-guinéen ; cette personnalité ressource, portée à la tête de la commission de la Cemac le 17 mars à l’issue des travaux de Yaoundé, prend officiellement les rênes de cette institution communautaire ce 02 juin 2023 à N’djamena.
On les compterait certainement, dans toute la sous-région, sur les doigts d’une seule main, des personnes capables de rompre les lances sur les questions liées à l’intégration dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) avec celui qui tient désormais les rênes de la commission de cette organisation : Baltasar Engonga Edjo. Porté à la tête de cette institution communautaire à l’issue du sommet des chefs d’Etat de la sous-région le 17 mars 2023 à Yaoundé au Cameroun, ce ponte du régime Obiang Nguema sacrifiera à la passation de service avec son prédécesseur, le Gabonais Daniel Ona Ondo, à Ndjamena, capitale politique du Tchad, ce 02 juin 2023. Après cinq ans, temps qu’aura duré le mandat du président sortant, la Commission de la Cemac a, à ses commandes, de nouvelles personnes, à savoir Baltasar Engoga Edjo le président qui est secondé par le Camerounais Charles Assamba Ongodo précédemment directeur de la coopération avec les pays émergents, au ministère camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire.
Avec ce changement, la Cemac gagne-t-il au change ? Question qui vaut son pesant d’or, mais qui ne saurait avoir de réponse plausible en ce moment car, les citoyens de cette communauté attendront juger cette nouvelle équipe dirigeante, comme un maçon au pied du mur. Mais en revanche, personne ne pourrait discuter des compétences et surtout de la maîtrise des arcanes de l’intégration sous-régionale de Baltasar Engonga Edjo particulièrement, le nouveau président de la commission de la Cemac. « C’est sans surprise que l’Equato-Guinéen prend les rênes de cette instance communautaire. Il est depuis pressenti à cette fonction et faisait office de favori aux côtés de Fortunato Ofa Mbo, ancien président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) », soutient d’ailleurs une source généralement bien informée.
Voie royale
Somme toute, c’est par une voie royale que ce haut commis de l’Etat de la Guinée Equatoriale arrive à la présidence de la commission Cemac, lui qui a été chargé, pendant 12 ans, jusqu’à son départ du gouvernement au mois de février 2023, le métronome qui impulse l’intégration sous-régionale dans son pays. « Ministre puis ministre d’Etat, chargé de l’intégration régionale, Baltasar Engonga Edjo a occupé ces postes pendant 12 ans. Il était de ce fait celui qui avait la main sur les dossiers liés à la Cemac et à d’autres organisations sous-régionales et régionales. Il était pour cela l’interlocuteur du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo auprès de ses pairs de l’Afrique Centrale, lorsqu’il ne pouvait pas personnellement se déplacer. En 2017, il a occupé la présidence du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire de l’Afrique Centrale », confie une autre source.
Concernant l’intégration sous-régionale, Baltasar Engonga Edjo participe à la modification des textes de l’Union douanière et économique d’Afrique Centrale (Udeac) en vue de la création de la Cemac, en tant que membre du comité des plénipotentiaires. « Il était parmi les protagonistes de la Déclaration de Malabo assortie de la signature des traités de l’Udeac à la Cemac, à Malabo en 1999 ». Dans la même veine, il a occupé la responsabilité de conseiller pour les Affaires d’intégration en 2006 et en 2007, lors de la déclaration des chefs d’Etat à l’effet de renforcer le processus d’intégration. Avec la création de département ministériel chargé de l’intégration sous-régionale préconisée dans tous les pays membres de la Cemac, il devient alors le premier à être nommé à ce poste dans son pays.
Banquier dans l’âme
En effet banquier dans l’âme, cet Equato-Guinéen, Efak de la région de Ebebiyin, après des études soutenues, jette son dévolu sur le secteur bancaire. En septembre 1976, il devient employé de la Banque centrale nationale de son pays, puis tour à tour, il travaille entre autres à la banque d’Espagne et à la banque marocaine de commerce extérieur. A Ecobank de Munish, il est en stage d’imprégnation. Ses états de service sont éloquents à la banque centrale nationale dont il fait partie des effectifs avant même l’adhésion de la Guinée Equatoriale à la zone Franc. Orfèvre de la finance, il compte parmi les membres de la commission d’intégration de la Guinée Equatoriale à la zone Franc entre les années 1983 et 1984 jusqu’à l’aboutissement de ce processus, et même à la mise en circulation des billets de la banque centrale communautaire en janvier 1985.
Au plan politique, en 1986 Baltasar Engonga Edjo fait son entrée dans l’équipe gouvernement au poste de vice-ministre. Un poste qu’il sera obligé d’abandonner pour mettre son expérience et sa science au service de la Banque centrale (Beac). Il est ainsi appelé à travailler dans plusieurs pays de la sous-région, d’abord un an à Pointe Noire en République du Congo en 1987, Bangui en République Centrafricaine en 1988, puis Yaoundé au Cameroun entre 1988 et 1989. Par la suite, cet As de la banque regagne ses pénates et est nommé directeur à l’agence Beac de Bata jusqu’à 1996, date à laquelle, une fois de plus, il est appelé au gouvernement comme ministre délégué chargé des Finances. Il marqua une césure, le temps de se mettre au service de l’institution en charge de la sécurité sociale en Guinée Equatoriale, avant de revenir occuper le portefeuille de ministre des Finances en 2001. Une nouvelle ère s’ouvre donc à la Cemac, avec l’arrivée à la tête de la commission de quelqu’un qui connaît bien à la maison.
Joseph Ntsama Mbarga
