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La Chambre des comptes, cette Institution dirigée par Melchor Esono Edjo a pour objectif de juguler les maux qui gangrènent la société équato-guinéenne

« C’est à la faveur de la modification de la Constitution en 2012, qu’il a été introduit la mise en place de cette Institution, assortie de la loi organique,  dans l’optique de juguler des maux qui gangrènent la société équato-guinéenne aujourd’hui ».

Dans un échange à bâtons rompus avec l’envoyé spécial de la rédaction de ‘’La Découverte Régionale’’ dans le pays de l’île de Bioko, ce haut commis de l’État équato-guinéen qui arbore par ailleurs une myriade de casquettes, donne son plan d’action à la tête de cette nouvelle Institution, et se montre très disert sur plusieurs sujets en rapport avec son pays, mais également sa formation académique et professionnelle, de même que sa carrière politique.

 

Peut-on savoir qui est le Président de la Chambre des Comptes, Institution nouvellement créée en Guinée équatoriale ?

Normalement, comme tout bon Africain, lorsque je suis venu au monde, mon père m’a donné le nom de famille, c’est pourquoi je me nomme Essono Edjo, et mon prénom est Melchor. Mon géniteur s’appelait Valentin Edjo et ma mère  Avomo Inmaculada. Je suis né le 15 juin 1960.

En ce qui concerne ma formation scolaire et académique, il faut dire qu’après le lycée, j’ai fait Economie au Maroc, dans une Faculté dans la ville de Fès, où j’ai obtenu une Licence en Sciences économiques. La  Licence à l’époque, dans ce pays maghrébin, correspondait à une Maîtrise. Parce qu’en effet, les études duraient quatre ans et moi,  j’en ai fait cinq, une année étant consacrée à l’apprentissage de la langue française. D’ailleurs comme vous le savez, je suis de culture hispanophone, il fallait donc bien que je me débrouille par tous les moyens à préparer  ma carrière, ce qui explique qu’un an  avant l’entrée à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, je me suis mis à apprendre le français. Les données sont là, j’ai obtenu mon Certificat des Études supérieures en 1990 et ma Licence en 92. Après l’obtention de ce diplôme, Je suis rentré au pays.

 Je suis également titulaire d’une Maîtrise en Etudes humanitaires et Sciences sociales de l’Université Catholique Abat Oliba CEU de Barcelone. Ce sont ces deux formations académiques que j’ai eues. Parlant de ma carrière professionnelle, j’ai été Directeur adjoint du Comité directeur de la gestion des effets de valeurs. Après, j’ai été appelé à assumer les responsabilités de contrôleur des comptes de l’Etat au niveau du Trésor. Par la suite, je suis devenu Trésorier Payeur général de l’État. Dans notre pays, nous avons une Trésorerie centralisée. Après tous ces loyaux services rendus à la Nation, pour des raisons d’intervention au  Conseil des ministres, où il fallait expliquer beaucoup de choses, j’ai été promu Secrétaire d’État toujours en charge de la Trésorerie et du Budget. Cumulativement avec le poste de Secrétaire d’État en charge du Trésor et du Budget, j’ai été nommé Contrôleur des comptes de la Sécurité sociale. J’ai occupé également la responsabilité d’administrateur provisoire d’Egico dont le siège se trouve à Malabo, dans la même veine,  on a fait de moi, le responsable de la Compagnie nationale. Après, j’ai été appelé au Ministère des Finances en tant que Vice-Ministre en charge toujours du Trésor et du Budget de l’État, puis Ministre titulaire des Finances. C’était à l’époque où Les personnalités suivantes occupaient les mêmes fonctions  de ministres des finances que moi : Essimi Menye du Cameroun, Albert Besse de la RCA, au Tchad c’était Ngata Ngoulou  et Gilbert Ondongo à la République du Congo. On était tous aux affaires à la même période, et nous avons fait beaucoup de missions ensemble.

Dans ces entrefaites, j’ai postulé pour devenir Sénateur et  j’ai été élu en tête de peloton  à Malabo, avec un nombre de voix impressionnant par rapport à tous les autres candidats. Naturellement, je suis devenu le  premier Sénateur de la capitale politique de notre pays. Notre première mandature a été pratiquement de cinq ans. Puis j’ai été plébiscité pour un second mandat. C’est ainsi qu’on me donne la charge de « vocal » du Sénat. Sans tarder, lors du vote par la Chambre des députés et le Sénat, des Magistrats de la Chambre des comptes, ces Institutions parlementaires ont trouvé important que je fasse partie du Paquet, en portant leur choix à l’unanimité sur ma personne. Et le chef de  l’Etat a ratifié.

Les locaux que nous occupons en ce moment sont provisoires, parce qu’en principe, la Chambre des Comptes mérite d’avoir son propre siège afin de lui permettre de mener à bien son travail. C’est tout ce que je peux vous dire au niveau de ma carrière professionnelle.

Et sur le plan politique, Monsieur le Président ?

En politique j’ai aussi été secrétaire général-adjoint du parti au pouvoir pendant huit ans, et d’autres choses.

Vous venez d’être porté à la tête d’une Institution nouvellement créée dans votre pays, à savoir : la Chambre des comptes. Cette nouvelle responsabilité fait de vous le contrôleur-régulateur des recettes et des dépenses inscrites dans les comptabilités publiques. Comment vous sentez-vous après cette consécration ?

Je ne peux pas vous dire que je mérite d’être ici, parce qu’il peut avoir des personnes plus futées, plus perspicaces et même plus sages que moi. ils peuvent occuper ce poste. C’est pourquoi je mets tout cela au compte du destin, de la volonté de Dieu, de la clairvoyance du chef de  l’État et des responsables des autres Institutions républicaines. Je pense qu’ils ont vu en moi, pour le moment, la personne idoine, voire idéale, comme pionnier à diriger la Chambre des comptes nouvellement créée.

Vous savez, cette Chambre a une grande responsabilité vu la situation actuelle des pays africains et particulièrement le nôtre. Nous avons connu un boom pétrolier qui a été à l’origine de plusieurs dérives et des incartades qui jusque-là ne faisaient pas partie de notre quotidien, notamment l’indiscipline, la violence,  la corruption, les détournements des deniers publics, la propension à l’enrichissement subite et de manière illicite... Toutes choses qui gangrènent notre administration et même la population. Raison pour laquelle, le gouvernement de la Guinée équatoriale, le chef de l’État, les autres institutions et même les populations ont trouvé la nécessité de créer une Institution de contrôle. C’est à la faveur de la modification de la Constitution en 2012, qu’il a été introduit la mise en place de cette Chambre assortie de la loi organique,  dans l’optique de juguler ces maux cités plus haut. Car leur éradication relève de l’impossible. C’est à cela que nous allons nous atteler.   Le chef de l’État  lui-même, dans son discours, a dit qu’il n’est pas exempt de la fiscalisation. Ce qui laisse penser que personne ne sera épargné par rapport aux actions que nous allons mener. Comme nous sommes au début, peut-être que dans quelque temps nous aurions touché un  grand monde, parce que les gens sont habités aujourd’hui par ces comportements odieux auxquels nous voulons mettre un terme. Mais la Loi, comme tout le monde le sait, n’est pas rétroactive. Nous allons d’abord, à partir de maintenant, voir la méthode à adopter pour  contrôler les recettes et les dépenses de l’État. Nous n’avons pas l’expérience, notre pays n’ayant pas eu avant une Chambres des comptes. C’est la première fois qu’elle est installée. On doit faire les règlements, les statuts, définir le champ d’interventions. Tout cela nous incombe.  Nous sommes donc appelés à  passer une année ou deux pour l’installation de tout le système. En même temps, nous devrions commencer à intervenir progressivement, et voir ce qu’il y a faire en urgence.

Quelles sont les missions essentielles de la Chambre des comptes ?

Les missions de la Chambre des comptes sont simples. Il y a d’abord l’investigation auprès des personnalités, entreprises publiques, organismes autonomes, même les entreprises privées et des personnes. Parce qu’il faut que tout le monde paie les taxes. Une fois qu’on découvre des fraudes visant à tromper l’État. Ça sera fait même dans le gouvernement et notre combat va aller au-delà des frontières nationales. Et deuxièmement, c’est la fiscalisation, le contrôle et l’appréciation de l’étendue des responsabilités de chacun à la Fonction publique.

 

Comment entendez-vous imposer (à votre niveau) l’orthodoxie financière dans votre pays ?

Les Lois déterminent exactement ce que nous devons faire, et tout le monde est concerné par notre travail. Ce n’est donc pas l’orthodoxie en tant que telle. Toutefois, nous serons appelés à suivre les exigences propres à nous-mêmes, mais aussi celles des organismes internationaux : Fonds monétaire international, Banque mondial etc.  Pour autant, cela ne veut pas dire qu’ils vont nous imposer ce que nous avons à faire ou ce que nous ne devons pas faire. La seule raison est qu’il faut de la transparence dans les faits. Toutes les actions du gouvernement doivent être menées de manière claire pour le bien de la population de la Guinée équatoriale. Les biens du pays appartenant au peuple. Si la gestion de la chose publique est transparente, je pense qu’il n’y a pas d’autres problèmes par rapport à cet aspect que vous soulevez.

 

Comment parvenez-vous à concilier vos fonctions de Président de la Chambre des comptes, celles de Sénateur et bien d’autres ?

Au Sénat, la loi prévoit qu’une fois qu’on a pris  la fonction à la Chambre des comptes, on doit démissionner décharger de ses responsabilités sénatoriales. Parce qu’on ne peut appartenir aux deux institutions. Mes charges personnelles n’ont rien à voir avec mes responsabilités publiques.  Ce sont  petites choses propres à mon agenda personnel. Je peux le faire mais d’abord, c’est la fonction officielle qui est la plus importante. J’ai des suppléants dans d’autres fonctions particulières, pour d’autres petites structures que je peux avoir. Mais je ne peux pas combiner les deux au point de faire les deux choses à la fois. Donc, la loi détermine clairement qu’une fois que ce magistrat prend fonction, il doit démissionner s’il était ailleurs fonctionnaire dans un département, dans un organisme. Voilà ce qui est prévu.

Melchor étant le nom de l’un des trois mages (Bible), croyez-vous à un lien entre votre destin et le prénom que vous portez ?

C’est difficile de le dire, parce que les secrets divins ne sont pas faciles à déchiffrer. Comme je vous ai dit au début,  le nom que mon père m’a donné quand je suis né, est celui de son oncle paternel. Parce qu’il y a une histoire. Dire par exemple  que l’Afrique n’a pas d’histoire  n’est pas vrai. Le nom de Melchor est celui que nous a vendu l’Occident, parce que pour lui, on ne trouve pas des Saints africains. Est-ce que les Africains ne sont pas les hommes de Dieu ? On nous a imposé d’autres noms que nous avons acceptés, pour la simple raison que nous avons été colonisés. Et depuis lors, les Occidentaux cherchent à éteindre notre culture. Ils font recours aux méthodes visant  à nous amener à abandonner nos us et coutumes en les jugeant inférieurs ou abjects. Et pourtant, si on pouvait écrire notre histoire, c’est cela que je trouve important ; avoir une écriture pour pouvoir développer la science et d’autres matières dans nos langues, je crois que l’Afrique serait plus riche que l’Europe. Mais malheureusement, ils veulent nous dire, nous faire savoir que nos langues dites vernaculaires ne sont pas importantes, juste parce qu’ils veulent s’imposer. La question aujourd’hui qu’on se pose lorsqu’on parle de l’indépendance d’un pays africain est : comment vous pouvez être indépendants si votre moyen de véhiculer les connaissances, gage du développement, est étranger ? Vous parlez français, vous parler anglais, vous parler espagnol, mais jamais on ne peut parler entre frères nos langues. Voilà la question aujourd’hui de l’indépendance qui se pose. Alors, pour revenir à votre question, cela peut être vrai, ou alors pas du tout. Mais toujours est-il que, tout ce qui existe sur la terre, je crois que Dieu le sait et on l’accepte ainsi.  Raison pour laquelle je ne peux vraiment pas affirmer que ce soit vrai ce que vous dites ; peut-être que mon nom qui est celui de mon oncle a influencé également beaucoup sur mon devenir, et voilà !

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