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Interview Exclusive

S.E. GEORGES PINTO CHIKOTI

 

« Faire en sorte que tout projet minier bénéficie aux populations locales »

 

À l’issue de la dernière réunion des ministres des Mines de l’organisation des États ACP et la 4e édition de la Convention Internationale des Mines et Expositions du Cameroun (CIMEC), le secrétaire général de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) s’est ouvert à notre rédaction.

 

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Monsieur le secrétaire général de l’OEACP, au moment où s’achèvent les assises des ministres en charge des mines des pays-membres de votre organisation, qui ont planché sur les mesures à mettre en œuvre pour l’optimisation des ressources minières dans ces États, peut-on savoir pourquoi l’harmonisation attendue était nécessaire pour ces différents pays ?

Merci pour cette interview. Pour moi c’est un honneur d’être ici au Cameroun, et surtout avec toute l’organisation que nous avons eue des autorités camerounaises. Je remercie particulièrement M. le président de la République. Pour répondre à votre question, disons que les matières premières critiques sont devenues un grand besoin, non seulement pour nos pays, mais également pour les pays développés. Vous savez que le monde est en train de faire une transition vers un autre monde qui tient davantage compte de l’environnement. Et vous savez qu’on a vécu des centaines d’années en polluant nos milieux.  Vous savez que pour que l’on puisse faire cette transformation ou cette révolution en allant vers une sorte de consommation plus ordonnée, nous avons également besoin de changer le genre de voitures, le genre des sources d’énergie qu’on devrait avoir. Ce qui veut dire que les ressources premières critiques telles que le cobalt, le cuivre, le lithium, vont devenir de plus en plus importantes, ce d’autant que nous allons utiliser des voitures électriques qui auront besoin davantage des équipements électriques. Du coup ces matières sont devenues très importantes.

 

 

 

 Mais vous savez que la plupart des 79 pays que compte l’organisation, détiennent ces matières premières critiques. Il y a par exemple des pays qui n’ont jamais fait l’exploitation de leur sous-sol. En faisant donc cette rencontre des États-membres de l’OEACP, ils ont échangé sur ce qu’ils ont et sur ce qu’ils peuvent faire ensemble. Les pays de l’OEACP se sont inspirés de l’expérience du Cameroun qui est déjà depuis quelques années, qui est déjà de plain-pied dans l’exploitation et la production de plusieurs produits miniers. Notre venue ici pour la 4ème édition de la CIMEC a permis de faire en sorte que se tiennent la réunion du Conseil des ministres de l’OEACP pour qu’ils puissent échanger, discuter et apprendre des différentes expériences que les pays ont acquises en matière minière, et pour faire en sorte qu’ils puissent aller ensemble, qu’ils puissent partager leurs expériences, leurs politiques et voir comment est-ce que chacun, à son niveau, peut à la fois coupler la composante environnementale, le bénéfice pour les communautés locales, en même temps qu’il faut réfléchir sur les grands défis. Parce que le secteur minier a besoin d’autres investissements. Vous ne pouvez pas faire les mines sans énergie, vous ne pouvez pas faire les mines sans infrastructures, à part le fait qu’il faut chercher à attirer les capitaux. Au cours de cette session, les ministres ont donc échangé sur toutes ces composantes. Et ensuite, ils ont adopté la Déclaration de Yaoundé qui contient un certain nombre d’éléments sur lesquels ils ont échangé, et que nous allons ensuite rapporter au Conseil des ministres qui se tiendra à Bruxelles à la fin du mois de juin.

À la suite donc de ces assises de Yaoundé, qu’est-ce que les pays-membres de l’OEACP sont en droit d’attendre ?

                               

Je crois que les pays-membres de l’OEACP ont échangé sur la possibilité de partager l’information. Là-dessus, le ministre camerounais a insisté sur le fait que les informations géologiques et technologiques ne sont plus un secret. Ce d’autant plus qu’avant, les gens faisaient tout pour cacher l’information et refusaient de dire ce qu’ils ont. Je pense que le plus important, c’est qu’au cours de ces échanges, les ministres se sont rendu compte que les expériences des uns et des autres doivent être partagées pour faciliter ceux qui n’ont pas encore fait des progrès en termes d’exploration. Il y a par exemple des pays qui sont des pays miniers depuis plus de 60 ans.

 

 

 La République Démocratique du Congo, la Zambie, sont des pays qui ont des expériences qui peuvent être utiles pour des pays qui n’ont même pas encore des cartes géologiques complètes. Ceux qui ont fait des recherches et qui savent qu’ils ont ces matières premières, même s’ils n’ont pas encore entamé l’exploitation. Ils peuvent aussi travailler ensemble dans la possibilité de partager un certain nombre d’infrastructures. Parce qu’on a besoin d’énergie pour exploiter les minerais. Vous savez que la République Démocratique du Congo est l’un des plus grands pays producteurs d’électricité, qui peut exporter. Ce pays peut donc aider ceux qui n’en ont pas. On peut également échanger sur l’élaboration des politiques, pour faire en sorte que tout projet minier puisse bénéficier aux communautés locales. Comme on peut faire en sorte qu’une partie des minerais soit transformée localement. Dans la loi camerounaise, il y a quelque chose d’intéressant, ce d’autant qu’il faut qu’au moins 15 % de tout ce qui est exploité soit transformé localement.

 

Cela permet de créer les emplois, car les gens doivent effectivement bénéficier de ces ressources. Ensuite, les entreprises minières payent les impôts, et peuvent exporter ce qu’elles ont. Je crois que c’est en ces termes que les États-membres ont cherché à partager les expériences, mais aussi pour pouvoir se défendre et regarder comment peut évoluer la politique relative aux matières premières. Il y a aujourd’hui des cartels qui peuvent se constituer, pour qu’ensemble ils puissent regarder les prix, qu’ensemble ils puissent voir comment bénéficier plus. En vendant par exemple ensemble, cela facilite l’expérience des uns ou des autres en termes de négociations avant la concession des contrats ; cela permet de faire en sorte que ceux qui sont déjà passés par-là aident les autres. Je crois que c’est un peu dans ce contexte que cette réunion a pu être utile aux États-membres de l’OEACP.

Toute autre chose, M. le secrétaire général : pourquoi avoir choisi comme partenaire privilégié l’UE pour ce qui est relatif à l’exploitation des matières premières critiques, dans un contexte mondial où existent d’autres acteurs qui sont de potentiels partenaires ? 

                                               

Comme vous avez pu le constater, il y avait des entreprises chinoises, coréennes, japonaises et européennes. Aujourd’hui, c’est très difficile pour qu’on puisse imposer un pays de se fier seulement à un partenaire. L’économie mondiale actuelle fait en sorte que ce sont les entreprises qui ont les intérêts, qui ont les ressources, qui veulent exploiter, qui vont négocier leurs contrats avec les pays dans lesquels elles veulent faire des investissements. Nous sommes venus ici parce qu’au sein de l’OEACP on veut que les États-membres puissent prendre conscience de tout ce qui se développe, parce qu’ils ont des préoccupations, mais ils ont aussi l’intérêt de voir comment ils peuvent exploiter cela. Avec par exemple l’expérience de la Zambie que nous avons partagée, et celle de la Namibie. L’intérêt n’était pas de dire qu’on donne tout à l’Europe. Ce continent a certaines traditions et une certaine expérience. Cette réunion n’est pas venue d’une initiative européenne, mais plutôt de celle des ministres et ambassadeurs de l’OEACP, faisant suite à une réunion qui a eu lieu en Zambie. L’année dernière en novembre, ils se sont réunis par rapport aux matières premières critiques, parce qu’ils estiment que ces matières premières deviennent de plus en plus importantes. La Zambie est un pays minier depuis une centaine d’années. Finalement, les discussions étaient axées sur ce qu’ils peuvent faire ensemble. Par exemple vous avez vu, il y a un projet conjoint Congo-Cameroun dans l’exploitation du fer. Cela veut dire que les États peuvent dans un secteur minier partager les expériences, mais aussi les investissements et l’énergie. Surtout, je pense que l’importance d’une réunion comme celle-ci repose sur le fait que les États membres puissent travailler à ce niveau-là.

  1. le secrétaire général, y a-t-il un autre aspect sur lequel vous voulez revenir?

 

Nous sommes très heureux d’avoir été au Cameroun et vous êtes un peuple résilient, travailleur. J’ai voyagé partout en Afrique, mais je vois que vous êtes un peuple exemplaire, parce que vous travaillez beaucoup. La plupart des cadres et techniciens qui nous ont assistés, étaient tous des Camerounais et toutes les agences de communication et la presse, ce sont des Camerounais. Et d’ailleurs de très haut niveau. Donc c’est une très bonne expérience, pour une première fois que je reste aussi longtemps dans ce pays. Je suis vraiment impressionné de voir votre niveau de formation, votre niveau d’ouverture, votre niveau de résilience et d’amitié surtout. En tout cas nous avons été très bien reçus, bien logés, bien nourris… Ce n’est pas toujours qu’on trouve un tel accueil. Je remercie donc le peuple camerounais, je remercie le président Paul Biya qui a été le patron de cet événement que nous avons tenu ici. Le Premier ministre était à l’ouverture, le ministre a été engagé aux côtés de ses frères, ses collègues des autres pays. Et je crois que nous avons été très bien reçus et ceci fait partie de l’hospitalité camerounaise, et nous en sommes très reconnaissants au moment où nous partons du Cameroun.

 

               Interview réalisée par Joseph Ntsama Mbaega

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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