Dès sa nomination à la tête de ce département, il s’est révélé à la fois homme de dossiers et du terrain, en contact permanent avec les populations.
Le mardi 19 janvier 2021, après huit années passées comme chef de terre de l’Océan, Antoine Bisaga céda son fauteuil à un jeune administrateur civil principal, Nouhou Bello, qui occupait depuis le 07 octobre 2019 les mêmes fonctions dans le département du Mbéré. Nommé à cette nouvelle charge par décret présidentiel signé le 18 décembre 2020, M. Nouhou se jetait ainsi à l’eau dans une circonscription administrative en proie à de nombreux maux, pour lesquels il était appelé à trouver des solutions. Et assurément, ni sa hiérarchie ni les populations ne sont déçues de son action, eu égard aux états de service de ce digne fils de Guidiguis dans le Mayo-Kani, région de l’Extrême-nord. L’on ne saurait en être surpris, au regard des excellents souvenirs qu’il aura laissés partout où auparavant il était passé, servant l’État en acquérant au fil des temps l’expérience et la pleine maîtrise des arcanes administratives nécessaires pour répondre avec bonheur à toute mission qui lui serait confiée.
Car son parcours s’était depuis inscrit sous le prisme d’une quête permanente de l’excellence, qui lui colle à la peau depuis que tout petit il se mit à fréquenter l’école. Après des études primaires évidemment sanctionnées par un CEPE, il réussit le concours d’entrée en 6e au CES de Guidiguis d’où il sort en 1989 nanti du BEPC. Il entre ensuite au lycée de Kaélé qu’il quitte trois ans plus tard, son baccalauréat A4 (option allemand) en poche. Direction la capitale où il s’inscrit à l’université de Yaoundé II à Soa. Le jeune homme obtient une licence en droit privé. Nous sommes alors en 1997. Admis à l’Enam dans la filière administration générale, à sa sortie de cette prestigieuse école, il intègre la fonction publique comme cadre au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, avant de recevoir ses premières tâches de responsabilité en étant promu, en mai 1999, chef de service des Affaires foncières au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat. Poste qu’il occupe jusqu’en août 2004 avant d’être envoyé dans un organe extérieur de cette structure gouvernementale.
Il devient donc et ceci pour une année, chef de service régional des Domaines et des Affaires foncières du Littoral. Du 30 décembre 2005 au 19 décembre 2006, on le retrouve délégué départemental des Domaines et des Affaires foncières dans le Diamaré, exerçant cumulativement la fonction de conservateur foncier de ce département. Monsieur Nouhou Bello est par la suite envoyé servir à l’Est, où entre le 19 décembre 2006 et le 18 septembre 2008, il est conseiller aux Affaires économiques et président de la commission de passation des marchés auprès du gouverneur.
Le 18 septembre 2008 marque un tournant dans cette prometteuse carrière lorsqu’il reçoit son premier poste de commandement, en devenant sous-préfet de Lagdo dans la Bénoué, où son sens du service de l’État se fait remarquer dans toute sa plénitude. Cinq ans plus tard, en août 2013, il est muté dans l’arrondissement de Njombé-Penja, département du Moungo, puis en mai 2017 à Douala 3e. Coiffant cette circonscription administrative, il se fait remarquer lorsqu’il entre en guerre contre les sorciers quatre mois seulement après son installation, faisant de cette croisade l’une de ses multiples batailles, tel qu’il l’annonça dès sa première tournée administrative : «…Je suis accompagné du commissaire que vous voyez et du procureur général de Logbessou. Ils vont s’occuper de tous les grands sorciers ! » À cette occasion, il avait tenu à relever la gravité des dégâts causés par ces adeptes d’occultisme. « La sorcellerie est un phénomène qui retarde le développement. C’est des actes qui sont nuisibles à la société. Donc, je voudrais ici inviter les sorciers à laisser ce travail », avait-il martelé.
Main de fer, gant de velours
Fustigeant aussi le phénomène de cessions illégales de terrains du fait de vendeurs véreux, il s’était insurgé contre cette pratique, source de nombreux et parfois sanglants conflits sociaux. Morceaux choisis : « Ngoma c’est le fief des litiges fonciers, c’est le fief de la rébellion. Et je dis : cela doit cesser, nous sommes dans un État de droit ! Lorsqu’on vend un terrain, on le vend à une seule personne. On ne va pas le vendre à deux, trois personnes. Parce que ce qui se passe souvent, c’est qu’on vend le terrain, après on part s’installer en ville où on fait la grande vie. Une fois que l’argent finit, on rentre au village, on cherche encore un autre acheteur à qui on revend le même terrain. » À l’évidence il savait de quoi il parlait, lui qui au début de sa carrière comme on l’a vu, s’occupa du domanial et du foncier.
Autre fait croustillant, c’est lui qui à Douala 3e le 16 mars 2018, scella une église de réveil, la Kingdom Exploit Ministries International, dont le pasteur avait enceinté cinq de ses ouailles, toutes des femmes mariées, avant de s’enfuir pour l’étranger en abandonnant sur place sa propre épouse… Le jeune administrateur s’attaqua avec fermeté à toutes les formes d’insécurité, obtenant des résultats probants. Soucieux de rectitude et d’éthique, il rappela aux populations qui parfois se faisaient arnaquer, que la sous-préfecture n’avait aucun démarcheur reconnu en son sein, que nul n’avait à remettre de dossiers à qui que ce soit ne travaillant pas dans ses services, où un bureau du courrier était opérationnel tous les jours ouvrables dès 7 h 30, les usagers étant invités à y déposer leurs dossiers. Le service public est gratuit et il n’existe aucun intermédiaire pour avoir accès aux différents services, souligna-t-il.
Dans cet arrondissement on écrasa une larme lorsqu’il dut le quitter en octobre 2019, le chef de l’État ayant fait de lui le nouveau préfet du Mbéré où il fit ses premières armes à la tête d’un département. Nombreux sont ceux qui y ont encore présent à l’esprit son engagement pour y contrer la Covid-19, avec notamment la distribution de ses propres mains de la contribution spéciale présidentielle envoyée aux populations pour se prémunir contre ce virus. En date du 18 décembre 2020, Nouhou Bello fut muté dans l’Océan, pour relever de nouveaux défis, ceux d’un département dont l’apport est capital dans notre marche vers le développement. Et depuis lors, il répond : présent !
Florian KUIPOU