Un pharaonique projet intégrateur
En plus de nourrir de grands espoirs de développement socioéconomique, il est attendu de cette mirifique initiative un rapprochement des peuples et élite de Bipindi.
Au mois de mars dernier, le ministre de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique (Minmidt), Fuh Calustus, était l’hôte des populations de Bipindi, département de l’Océan, région du Sud. La visite du membre du gouvernement dans cet arrondissement s’inscrivait dans la cadre du lancement officiel du projet d’exploitation du fer de Ngovayang dont la zone est essentiellement située à Bipindi et Lolodorf. Deux localités appartenant au département de l’Océan. Le promoteur de ce projet n’est autre que l’entreprise Cameroon Mining Action en abrégé Camina S.A créée en 2007.
Selon des sources officielles, le projet d’exploitation du minerai de fer de Ngovayang est né de la présence du massif de Ngovayang qui est un massif montagneux constitué de magnétite riche en fer localisé sur tout le massif s'étendant de Bibondi en passant par Ngovayang jusqu'à Bidjouka et Bipindi dans le département de l’Océan. La société Camina a débuté ses activités d’exploration dans ses trois permis de recherche en 2007 mais les activités de terrain à grande échelle ont commencé en 2010.
Ce programme de recherche s’est arrêté en 2016 en raison de la crise financière mondiale dans le secteur de l’acier suivie de la pandémie de la Covid 19. C’est donc en 2022 que les activités d’exploration sur les trois permis de recherche de Camina ont été relancées de manière accélérée. Cette phase de recherche encore en cours a déjà mis en évidence une réserve de 480 millions de tonnes de minerai de fer à une concentration moyenne de 30-33%. Les principales zones d’intérêt pour l’exploitation qui sont des zones des permis qui présentent les meilleurs résultats en termes de concentration du minerai, sont présentées dans la carte suivante. « Ce projet s’inscrit dans une vision gouvernementale du pays, celle de devenir un pays émergent à l’horizon 2035. Dans cette perspective, le Cameroun ambitionne entre autres à valoriser ses richesses naturelles afin d’améliorer son produit Intérieur Brut (PIB) et renforcer de ce fait sa croissance économique et sociale ».
Source d’eau
Le projet d’exploitation du fer de Ngovayang devra se faire en deux phases. Une première phase au cours de laquelle l’exploitation minière entièrement mécanisée, devra extraire 20 millions de tonnes par an (Mtpa) de minerai brute. Cette première phase comprendra la construction d'une usine
d'enrichissement qui traitera ce minerai brute en vue d’obtenir 6,0 Mtpa de concentré. Au cours de la phase II, la capacité minière augmentera jusqu'à 40 Mtpa tandis que l'usine d'enrichissement atteindra 12,0 Mtpa de minerai. « Une unité d’enrichissement du minerai brute sera construite pour le traiter afin de récupérer 30 à 33 % de concentré de minerai de fer avec plus 60 % de teneur en fer. Dans ce processus, le minerai brut doit être concassé avec 85 à 90 % passant un tamis de 75 microns et les minéraux de magnétite récupérés par séparation magnétique. Deux sites potentiels ont été identifiés en tenant compte de certains aspects ».
Ces aspects sont : la proximité d'une source d'eau adéquate et des futures fosses minières ; l’éloignement des établissements humains ; la topographie relativement plate ; la zone non minéralisée ; l’espace suffisant pour l’installation du bassin de rétention des résidus miniers. Le site final sera déterminé suite aux
derniers résultats de l’exploration encore en cours. La carte suivante présente les deux possibilités de sites d’installation de l’unité d’enrichissement du minerai. S’inscrit aussi dans ce projet, la construction d’un barrage de stockage des résidus miniers à proximité de l’unité d’enrichissement du minerai.
Quant aux autres infrastructures, elles concernent entre autres : l'acquisition de terrains dans la zone industrielle du port de Kribi à proximité du terminal vraquier qui est en cours d'attribution en vue de l’aménagement du terminal minéralier ; le site du projet est bien relié par la route au port de Kribi (distance totale – 110 km) dont 85 Km bitumé et 25 Km en terre. Cette route devra permettre le transport du concentré par camions du site de la mine au terminal minéralier ; les zones de stockage des produits pétroliers nécessaires au projet ; les camps d’ouvriers à aménager ; des ateliers mécaniques. Mais également, l’approvisionnement en eau du projet et l’alimentation en électricité du projet.
Usine d’enrichissement
De ce fait, Camina envisage de développer et d'installer sa propre centrale électrique à gaz à Kribi qui produira 100 MW d'électricité dans la phase 1 pour faire fonctionner son usine d'enrichissement et d'autres infrastructures et 200 MW dans la phase 2 pour soutenir l'expansion de son usine. « Cependant, l'utilisation potentielle de générateurs de grande puissance pour faire fonctionner les camps et l'usine d'enrichissement reste une option ouverte. Les générateurs de 40 KVA sont capables de faire fonctionner les camps tandis que les générateurs de 500KVA peuvent être utilisés pour l'usine d'enrichissement et d'autres installations », indiquent des sources officielles.
Leticia Tchapchet
